Image:

Title:
L’Afrique de l’Ouest dans la zone de libre-échange continentale africaine
Country:
Members:
Date de publication:
07/07/2019
Les dirigeants africains ont lancé la phase opérationnelle de la nouvelle zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) à l’occasion du 12e Sommet extraordinaire de l’Union africaine, le 7 juillet, à Niamey, au Niger. À ce jour, 27 pays ont ratifié les actes de la ZLECAf. Ce bloc commercial fort de 54 nations a pour ambition de devenir le plus grand marché intégré au monde réunissant près de 2.5 milliards de personnes d’ici 2050. L’Union africaine souhaite opérationnaliser la nouvelle zone d’ici juillet 2020.
Le lancement officiel de la phase opérationnelle à Niamey représente incontestablement un succès diplomatique pour le président du Niger, Mahamadou Issoufou, désigné « champion de la ZLECAf ». Le Niger se retrouve sur le devant de la scène du continent africain en démontrant sa capacité à accueillir quelque 3 000 délégués et experts venus de tout le continent. Plus de 30 chefs d’État et de gouvernement ont participé à l’événement. Le Ghana a été choisi pour accueillir le secrétariat permanent de la ZLECAf ce qui le place au cœur du processus d’intégration continentale. Le Nigéria (ainsi que le Bénin) a finalement signé l’accord dans le sillage du Sommet. Le gouvernement nigérian est resté longtemps réticent à la libéralisation régionale des échanges et a fait face à une opposition interne venant de divers groupes d’intérêts. Certains responsables craignent une invasion de produits bon marché entravant le développement des entreprises et des exploitations agricoles locales. Le Nigéria est la plus grande économie du continent. Sa participation est essentielle à son succès.
La ZLECAf reconnaît les communautés économiques régionales en tant que « blocs contribuant à la création de la ZLECAf ». Au sein de l’espace CEDEAO, la ZLECAf s’ajoute ainsi à des accords commerciaux régionaux existants. En effet, l’espace CEDEAO est probablement la région ayant le plus grand nombre d’accords juridiques tels que le Protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens (1978) ou le Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO (SLEC-1979), son principal outil opérationnel pour promouvoir l’Afrique de l’Ouest comme zone de libre-échange. En pratique cependant, la mise en œuvre de ces accords se heurte à de nombreux obstacles opérationnels. La ZLECAf va principalement modifier les relations entre le pays de la CEDEAO et les pays non-membres.
Le rôle de la ZLECAf est de libéraliser les échanges commerciaux entre tous les pays africains. Selon les estimations actuelles, le commerce intra-régional en Afrique ne représentait que 17 % des exportations en 2017 contre 59 % en Asie et 69 % en Europe. Cependant, ces chiffres négligent l’importance du commerce informel. Les statistiques officielles échouent à rendre compte de l’étendue véritable des marchés régionaux. En réalité, l’Afrique de l’Ouest est une région beaucoup plus intégrée. La ZLECAf offrira de nouvelles opportunités pour approfondir l’intégration économique au-delà de l’Afrique de l’Ouest.
- Communiqué de presse de l'UA
- Le traité de la ZLECAf
- Tribune : La Cédéao a-t-elle aussi peu d’échanges commerciaux que les estimations officielles le suggèrent ?, Laurent Bossard, directeur du Secrétariat du CSAO