
Le commerce transfrontalier ouest-africain : tendances et opportunités
Dans cet article, publié dans Bridges Africa, Bio Soulé, chargé de programme au Hub rural, analyse les obstacles qui empêchent ce dernier de remplir son rôle de catalyseur de croissance et de développement dans la région. Le commerce intracommunautaire a toujours du mal à prendre son essor et une grande partie n’apparaît pas dans les statistiques officielles. Entre 60 et 80 % du pétrole vendu au Bénin est un produit de contrebande importé du Nigéria. Plus de 10 % des fèves de cacao de Côte d’Ivoire sont vendues au Ghana où les prix sont plus attractifs. De nombreux obstacles entravent le développement du commerce légal intracommunautaire au sein de la CEDEAO. La région est, selon Bio Soulé, trop ouverte au marché international. Malgré la création d’une 5e bande tarifaire fixant les droits de douane à 35 % pour 130 produits agroalimentaires dans la zone du Tarif extérieur commun (TEC), l’Afrique de l’Ouest a globalement l’un des plus faibles taux de protection pour ses produits nationaux. La faible valeur ajoutée de ces produits qui circulent sous forme de produits bruts ou semi-transformés est un second facteur qui empêche le développement du commerce intrarégional. Il y a un écart significatif entre la forte croissance de la demande et l’offre régionale avec pour conséquence que des pans entiers du marché sont approvisionnés par des importations venant du marché international. « Si des réformes radicales ne sont pas mises en œuvre dans ces pays, le marché africain pourrait devenir une proie facile pour les multinationales et les commerçants de contrefaçon qui ont la capacité d’inonder le marché avec des produits de toute sorte » insiste Bio Soulé.